Interview de Plume Roland

Plume Roland - " L'effet mère "
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Membre Jingoo depuis 2013

Nous l'avons rencontrée il y a quatre ans alors qu'elle faisait ses premières armes en photographie. Le talent brut était déjà là. Comme un diamant, il restait à le tailler. Elle est amoureuse des enfants, de la vie, du temps qui passe... Elle, elle ne passe pas inaperçue, avec son style photographique.

Plume Roland 1Nous avons patienté avant de lui proposer cette interview : les OVNIS sont éphémères et souvent ne s'inscrivent pas dans la durée. Mais cette photographe est en train de marquer son temps. Ses univers: La féerie, Tim Burton (ce n'est pas antinomique), l'enfance, la naissance, l'amour « Tout court ».

Avec elle, aucun enfant n'est abandonné, aucun d'eux ne reste au bord de la route. C'est un peu, beaucoup, passionnément, une maman de tous les enfants. Elle était naturellement destinée à être photographe de naissance.

Elle ne savait peut-être pas, que ça allait entrer (en elle) jusque-là.

Nous vous présentons « L'effet mère, par Plume »

 

Bonjour Plume,

Cela me fait vraiment plaisir de te tendre le micro, comme on dirait dans le milieu sportif !

En 4 ans, tu t'es « arrachée les bras » pour en arriver là. On t'a vu arriver gentiment dans la profession avec plein de questions, l'envie d'apprendre, d'envies tout court.

Pourtant tu n'étais pas forcément destinée à devenir photographe.

Tu es partie d'où pour en arriver là ?
Plume Roland 11De rien... si ce n'est l'envie et l'ambition. Au départ, je savais juste que je voulais travailler avec les nouveau-nés, les bébés, les futures-mamans, les mamans, les parents, la vie... Qui prend son sens à une naissance.
Donc tu es arrivée dans la photographie par passion pour les enfants et non l'inverse ? En fait, dans ton parcours professionnel, tu remontes le temps de la vie, jusqu'à la naissance.
Complètement ! Quand j'étais enfant, l'entreprise familiale dans laquelle j'ai baigné et grandi était dans le domaine funéraire. Ainsi, j'aurais vu la vie par les deux bouts et je préfère nettement, celui que je croise maintenant chaque jour !
Pour atteindre un tel niveau technique et créatif, as-tu suivi des formations ? Qui sont tes mentors dans la photographie ?

Ma première formation, je l'ai suivie chez Claude Fougeirole, début 2013. Je démarrais de rien. Je ne connaissais rien.

Plume Roland 2J'ai pris un numéro siret en septembre 2012, j'ai commencé comme ça. Mais je disais : « Je veux être une BONNE photographe ! Je veux être la « Anne Geddes » du Tarn et Garonne ! »

C'est pour cela que je suis allée chez Claude, qui, dans le métier, est défini comme l'incontournable. J'ai appris la lumière, la comprendre, la lire... Ce stage a été pour moi une révélation, j'ai eu le sentiment qu'on m'avait greffé des yeux ! Je voyais ! Enfin !

Seulement, Claude, les nouveau-nés c'est pas sa spécialité. Alors j'ai voulu compléter avec une formation (Afmi) avec la spécialiste en la matière. C'est Mathilde Magne qui m'a permis de poser la lumière sur mes bébés.

Et depuis, je suis devenue « formationtovore » ! Dès que je peux, j'en fais. Même si ce n'est pas forcément dans mon domaine, car je pense qu'il y a toujours une petite chose que je vais capter et qui me servira dans ce que je fais.

Plume Roland 3Si je devais citer un mentor, oui j'en ai un. Il s'agit, beaucoup le savent, de Bernard Audry (aka YODA !). Il m'aide parfois sur la technique photographique mais son principal soutien est dans la gestion de mon studio. Mon marketing, mes ventes...

Nous nous sommes rencontrés en mars 2013 au congrès GNPP de Tours. Il a immédiatement cru en moi. Il a été ma chance.

Et il y est pour beaucoup dans ma réussite ! Je rappelle qu'en deux ans, en démarrant de rien, je me versais un salaire.

Tout cela a dû être très intensif, mais en plus de l'abnégation, tu as un autre avantage : la curiosité. Elle t'anime. Peux-tu nous en parler ? (Ce qu'elle t'apporte, ce qu'elle te prend ...)
Plume Roland 4J'aime ce qui est « bizarre », étrange, différent, extraordinaire. Ce que l'on voit rarement, ou jamais. Ce qui interpelle. Je suis moi même bizarre, je l'admets. C'est en moi. Et ce qui est bizarre pour les autres est naturel pour moi... ça m'attire. Et j'ai aussi la curiosité de l'autre, de l'humain. Connaître les histoires de chacun, les connaître eux ! Qu'ils me racontent leurs vies. Je pense que cela fait aussi ma force.
Lorsque nous échangeons avec quelques photographes concernant ton travail photographique, le sentiment qui émane principalement : « Elle a des trucs à elle » !! Tu penses avoir trouvé ton style ? pas encore ? tu veux en changer ?

Plume Roland 5Je ne me pose pas toutes ces questions. Je fais ce qui me plaît à moi. Si les parents adhérent à mon monde, alors ça leur plaît aussi à eux et c'est le principal.

Un jour, je changerai peut-être. Mais si vous voyez mon style évoluer ou changer, vous pourrez toujours garder en tête que je l'ai fait avec mes tripes, avec passion, conviction et que ça me plaît !

Tu fais beaucoup de séances de prises de vues de naissances . Peux-tu nous décrire cet instant ? (De la prise de contact, à la remise des photos, en passant par la prise de vue).

Ouch ! Difficile de tout expliquer sans que cela ne soit indigeste ! Alors ? je vais essayer de synthétiser !

À la prise de contact, je m'intéresse déjà à eux ! Je reste moi... Curieuse, enjouée, et aussi « brute de pomme » ou je leur explique aussi mes conditions (prise de vue dans les 10 jours de vie, qui dure entre 2h et 4h, les tenues... Et les tarifs).

Plume Roland 6La prise de vue naissance se réalise au studio. Je commence toujours par la photo de famille, celle de la fratrie puis on s'oriente sur la prise de vue de bébé seul.

Les parents ont vue sur tous les accessoires, ils choisissent. Je les conseille un peu, parfois...

Une semaine après la prise de vue, nous avons le rendez-vous de visionnage où je leur projette sur grand écran la sélection de leurs images. La boite de kleenex est toujours prête... ;) J'adore ce moment car c'est LE moment où ils découvrent leurs images. Ils ont leur perception de la séance et donc s'imaginent les photos mais finalement, ils sont toujours surpris de voir que c'est encore plus beau ! Et j'adore ça !

À la livraison, les gens ont le deuxième effet « kiss trop cool »! Ils les ont vues sur grand écran, mais les avoir dans les mains, pour soi, à soi, ça prend encore un autre sens. Le sens du patrimoine. Celui que l'on crée et que l'on va transmettre. Et c'est à ce moment là, que nos valeurs communes, entre mes clients et moi, transpirent.

Pour mieux connaître toute la partie prise de vue, j'invite nos lecteurs à lire ici : Ma philosophie

Tu as déjà été primée. Comptes-tu poursuivre, passer au niveau supérieur ? (Concours de renommée internationale, Concours du Meilleur Ouvrier de France, etc...). Nous, on pense que ta créativité peut faire bouger les lignes : alors, tu vas faire quoi maintenant que tu as une certaine reconnaissance dans la profession ?

Mister Jingoo ! Tu trouves que j'ai une certaine reconnaissance dans la profession ?

Plume Roland 7Déjà question concours, oui je compte continuer. Mais je vais y aller en douceur. Je ne vis pas très bien les échecs. Donc je vais poursuivre en national dans un premier temps. Les concours me rassurent, me permettent de me situer par rapport à la qualité de mon travail. Quand je fais un concours, c'est avant tout pour moi. Alors quand je me plante, c'est avec moi-même que j'ai un problème... J'envisage le Meilleur ouvrier de France oui... quand j'aurai 45-50 ans ! Ensuite, je ne sais pas si j'ai la possibilité de faire bouger les choses mais ce qui est certain c'est que je suis fière de ma profession et j'entends la défendre.

Tu es très engagée concernant des actions pour les enfants ( extra-ordinaires ). Peux-tu nous en parler ou préfères-tu garder cela uniquement pour toi ? J'ai bien compris que ça, ce n'est pas un concept de business, mais un don de soi ( Toi ).

Plume Roland 12J'en parle volontiers. En effet, c'est quelque chose qui m'appartient. Quelque chose de très personnel aussi. J'oeuvre pour les enfants différents, car je veux les mettre en lumière. Je suis concernée de près car j'ai deux enfants différents.

Mon aîné est dysphasique et mon second est autiste. Quand on est mère d'enfants différents, notre premier réflexe c'est évidemment de vouloir protéger notre enfant du regard de l'autre. On évite les magasins, les lieux publics, on sort peu ou dans des endroits peu fréquentés.

Plume Roland 8Et un jour, j'ai compris que nous n'avons pas à nous cacher. Nous devons banaliser la différence. Finalement, avec ou sans handicap, on est TOUS différents ! TOUS extraordinaires quelque part.

Alors pourquoi stigmatiser un enfant trisomique ou autiste ou un autre qui aurait une particularité physique ? Donc je mets en avant, régulièrement, des enfants différents. Et en plus de ça, je vais vous dire : J'adore ces séances !!!!! J'aime les parents d'enfants différents, j'aime leurs enfants, j'aime l'ambiance de ces moments partagés. Vraiment, je ne peux le décrire avec des mots et cela m'appartient... Mais ces moments sont précieux pour moi.

Pour nous, tu es de ceux qui viennent à la photo pour autre chose que l'amour de la photographie, de ceux qui utilisent les moyens du moment ( statut, outils, web, formations... ), en installant un studio dans un village, sans oublier ton engagement auprès de la profession, mais avant tout « tournée vers le client ». As-tu des retours de tes confrères concernant ton parcours, ta manière de voir les choses ?

Je ne sais pas trop... Non...

Plume Roland 9Le premier retour auquel je pense c'est celui de ma précieuse Mirentxu. Elle m'a dit récemment ces mots qui m'ont bouleversée :

« Si tu faisais des traces de pas dans mon jardin, comme on en fait dans le sable, tu laisserais des empreintes multicolores ».

J'espère donner cette impression à chaque individu que je croise, que ce soit clients ou confrères.

Comment as-tu été perçue dans ton village lorsque tu as voulu mettre ton studio au coeur de celui-ci ? ( aide de la mairie, soutien des autres commerçants, etc... )

Plume Roland 10Piouhhhh ! Mon village, JE L'ADORE !

Je ne suis pas d'ici, je suis arrivée il y a 11 ans après avoir beaucoup bougé et voyagé. Mais s'il y a pour moi, un endroit parfait au monde (pour vivre), c'est Saint Etienne de Tulmont ! La mairie, les autres commerçants, tout le monde m'est très agréable. Au départ quand j'ai commencé mon activité à la maison, le maire avait même fléché avec des panneaux de signalétique « Photographe » le parcours du village jusqu'à mon domicile afin que mes clients puissent être orientés plus facilement.

Je suis bien ici. Vraiment.

Tu travailles sur quoi en «off» ? As-tu des sujets que tu affectionnes plus particulièrement. ? (Tu sais, le genre de sujet sur lesquels on voudrait passer plus de temps, mais le temps lui, il n'attend pas, il passe, on se sent alors frustré de ne pas l'avoir pris...)
C'est un SECRET !!!!!!! Et croyez moi pour le coup, le temps, je le prends !)
Son film préféré ?
Un court-métrage : Vincent Price de Tim Burton.
Son plat préféré ?
Magret - frites avec au taquet de mayo !!!!!!! ;p
Son morceau de Zik préféré ? (s'il n'en fallait qu'un)
Marchons - Amélie les crayons

 

Sans faire de bruit, une « Plume », ça peut faire bouger beaucoup de choses et pas que dans la tête.

Elle est essentiellement dans l'action, pas de bla-bla, des résultats, avec la légèreté en plus. Pour une « Plume », c'est du lourd !